Décarbonation des mobilités : le grand coup de frein à main ?
- Mathieu MILLET
- 18 avr.
- 2 min de lecture

Pendant des années, un marketing un peu paresseux a voulu faire rimer « écologique » avec « économique ». 🥳 Il était cependant évident que de douloureux arbitrages ne manqueraient pas de se présenter.
Mais même si aucune solution ne permet de gagner sur tous les tableaux, on peut au moins attendre du politique qu’il offre une vision, pose des choix clairs, et s’y tienne sur la durée.
Or, ces derniers mois, nous assistons à l’exact opposé. 🛑 À mesure que les difficultés économiques et sociales deviennent plus pressantes, toute l’ambition environnementale affirmée depuis le COVID semble s’évaporer.
1️⃣ Le Green New Deal, récemment rebaptisé "Clean Industrial Deal", est en train de subir de profonds remaniements. D’un côté, les objectifs de décarbonation sont maintenus. D’un autre, l’UE se prive, comme l’analyse Jérôme Meesen, président de CLIMACT, de deux leviers essentiels pour les atteindre : l’investissement, désormais fléché vers les projets de réarmement, et la régulation, alors qu’un paquet de nouvelles aides aux entreprises se profile sans contreparties prévues. [1]
2️⃣ La décision d’interrompre la commercialisation des véhicules thermiques d’ici 2035 était, quoi que l’on en pense, un geste fort de volontarisme politique. Autre signe des temps, la transposition de cette directive européenne en droit français vient d’être rejetée à l’Assemblée, puis au Sénat. [2] Ce qui, compte tenu du vent d’oppositions qui est en train de se lever contre cette mesure, n’augure rien de bon pour la suite.
3️⃣ Même les partisans historiques des ZFE critiquent maintenant l’imprévoyance des pouvoirs publics, qui prétendaient priver des fractions importantes de la population de tout accès aux centres urbains, sans vraiment planifier d’alternatives de transport. L’heure est pour l’instant à un « assouplissement »… qui a de grandes allures de débandade. Puisque seuls Paris et Lyon verront s’appliquer les dispositions censées à l’origine concerner 77 villes. [3]
Tous ces sujets sont complexes, et la position des décideurs, peu enviable. 🤔 Mais ce qui est sûr, c’est que ce manque de persévérance ne peut qu’affecter les acteurs économiques.
Pensons aux ménages modestes qui ont dû changer de véhicule pour continuer à se rendre sur leur lieu de travail. Ils ont revendu leur Crit’air 3, dévaluée au moment où cette catégorie devait être bannie des ZFE. Et se sont peut-être endettés pour acquérir une voiture plus récente. Tout cela pour "rien", au final.
Pensons aussi, à l’autre bout de la chaîne, aux constructeurs dont les plans d’investissement vers l’électrique sont directement conditionnés par le cadre légal européen et les projections qu'il est censé permettre.
Ou comment le manque d’anticipation et de cohérence vous fait perdre sur tous les tableaux… 🤦
Sources :
1. rtbf.be
2. autoplus.fr