Mais qui veut la peau de l'autoradio ?
- Mathieu MILLET
- 25 août
- 2 min de lecture

On l’avait à peine remarqué, pourtant cela fait un moment que l’autoradio en tant que tel a cédé la place à un ordinateur de bord qui a hérité de ses fonctionnalités. 📻
Mais, jusqu’ici préservées, nos vieilles habitudes d’auditeurs conducteurs menacent d’être ébranlées. Les constructeurs semblent en effet prêts à mettre un terme à ce mariage mythique (et plus que centenaire !) entre l’auto et la radio.
Au nom, selon les cas, d’un des deux arguments suivants :
1️⃣ Pour pratiquer des prix bas, pas de petite économie. Les propriétaires de Dacia ou de Citroën d’entrée de gamme n’auront qu’à écouter leur station préférée en connectant leur smartphone. [1]
2️⃣ Aux États-Unis, c’est en vertu de contraintes techniques que la radio AM, réputée provoquer des interférences avec les moteurs, a été supprimée sur les VE de nombreuses marques. [2]
Non sans déclencher une spectaculaire levée de boucliers aux multiples motivations :
➡️ Ce choix fait à terme peser une menace existentielle sur le réseau des 4 185 stations AM qui maillent le territoire.
➡️ C’est s’attaquer à ce qui, quotidiennement, représente un accès privilégié à l’information pour les habitants de régions reculées.
➡️ C’est enfin renoncer à un outil essentiel de communication dans les situations de crise (cyclones, incendies…), quand les autres moyens d’alerte sont inopérants.
Face à l’impressionnante mobilisation, Ford a déjà fait machine arrière et rééquipé de récepteurs AM tous ses modèles. Parallèlement, le projet de « AM Radio for Every Vehicle Act » suit (lentement) son chemin législatif. [3]
Il est évident que restreindre demain l’accès des automobilistes français à la FM recouvre les mêmes enjeux. Quand on sait que 75 % des 40 millions d’auditeurs écoutent la radio sur le trajet domicile-travail (chiffres 2021) [4], c’est juste saigner ce média à blanc. 🗡️
On se trouve ici face à une configuration technologique singulière. La radio et la voiture sont deux dispositifs parfaitement indépendants. Mais le fait que la première ait été embarqué si massivement et depuis si longtemps à bord de la seconde a conduit à cette situation : la radio dépend de la voiture.
C’est d’autant plus le cas quand les jambes de notre civilisation (à savoir l’électricité et Internet) vacillent.📡 Puisque l’autoradio fait alors office de récepteur, couplé à un groupe électrogène (mobile, de surcroît !) et accessible au plus grand nombre.
Mais la perpétuation de cet incroyable outil repose in fine sur les choix des constructeurs. Qui se disent peut-être que notre « temps de cerveau disponible » pourra à l'avenir être mieux employé.
Car, à bord de la voiture désormais érigée en espace d’infotainment, les constructeurs ont tout intérêt à s’imposer comme intermédiaire incontournable entre l’utilisateur et les contenus qu’il plébiscite. Et tant pis pour cette bonne vieille radio… 🤷
Sources :
2. autoweek.com
3. congress.gov


