La conduite à distance : la vraie alternative à la conduite autonome
- Mathieu MILLET
- il y a 5 jours
- 2 min de lecture

On la voyait déjà déferler comme une sorte de révolution ultime en matière de mobilités, mais l’heure de la voiture autonome (j’entends vraiment autonome, celle de niveau 5) se fait attendre. 🤖 IA perfectible, coûts de production vertigineux, flou juridique et inadaptation des infrastructures… quelques menus obstacles restent à surmonter. [1]
Mais c’est justement dans ce délai, potentiellement assez long, que la conduite à distance (CAD) a une énorme carte à jouer. Car la promesse de se déplacer à bord d’une voiture sans avoir à la conduire, la CAD la remplit aussi.
Vay, une start-up allemande qui opère à Las Vegas, achemine par ce moyen des véhicules de location jusqu’à ses clients. Depuis les locaux de l’entreprise, des « chauffeurs » commandent pédales et volant comme dans un jeu vidéo de simulation automobile. 🎮 Les clients disposent ensuite du véhicule le temps de la location et le laissent où ils le souhaitent : la CAD prendra à nouveau le relais. [2]
On voit tout de suite comment cette technologie pourrait révolutionner la mobilité dans pas mal de contextes :
➡️ Fini le « no parking, no business ». Vous conduisez votre voiture jusqu’à votre lieu de rendez-vous, puis vous passez le témoin à un chauffeur à distance qui ira la garer. Elle vous attendra sur le trottoir dès que vous aurez fini.
➡️ Fini aussi le « boire ou conduire ». Contre quelques dizaines d’euros, un SAM pourra au pied levé vous ramener à bon port.
➡️ Quantité d’autres applications sont à imaginer, qu’elles concernent les personnes à mobilité réduite, l’entretien des véhicules (qui iront d’eux-mêmes jusqu’au garage) ou l’auto-partage.
Une autre conséquence réside dans la complémentarité entre CAD et conduite autonome, et dans la contribution de la première à la diffusion de la seconde. Que le système d’IA ait une défaillance ou que l’on atteigne une zone dans laquelle il ne peut pas opérer, l’intervention de l’humain 🙋 sera l’exception qui validera la pertinence de l’IA tout le reste du temps.
Sur le modèle, en fait, de ce qui a cours dans beaucoup de secteurs. Chez EvaluCar, par exemple, où certains de nos dossiers perte totale réclament toujours en complément un contrôle humain.
Évidemment, cette technologie ne va pas sans introduire de nouveaux risques, en termes de connectivité (que se passe-t-il si la 5G a un couac ?) et de cybersécurité (que se passe-t-il si des malfrats prennent le contrôle du véhicule ?). Mais rien de fondamentalement insurmontable à l’heure où les véhicules les plus récents sont confrontés à ces mêmes problématiques.
Pour ce qui est, enfin, de l’assurance, les difficultés paraissent à première vue un peu moins épineuses qu’avec la conduite autonome. Quoique. La Commission des lois de Grande-Bretagne avait, dès 2022, remis un rapport sur le sujet [3], soulevant quelques questions :
➡️ Comment établir avec certitude qui, du propriétaire ou du service de CAD, était aux commandes au moment de l’accident ?
➡️ Comment diagnostiquer, à côté de celles du véhicule, les défaillances du matériel de CAD ?
Une seule chose là-dedans ne fait pas question : le règlement des sinistres de demain promet d’être passionnant… 😉
Sources :
2- Vay.io


