SUV , un design mortel ?
- Mathieu MILLET
- 7 juil.
- 2 min de lecture

Et si, insensiblement, le vent était en train de tourner pour les SUV ? 🌬️ En quelques années, ces voitures imposantes et spacieuses ont accédé au rang de segment dominant (49 % des ventes du neuf en France l’an passé). [1]
En dépit de ce succès éclatant, elles se voient attaquées de tout côté. Et notamment sur les questions de sécurité.
Fin avril, une étude due à l’Université de Londres se penchait sur la mortalité associée aux SUV. Après analyse de plus de 600 000 accidents, elle concluait de la sorte : lors d’une collision avec un SUV, le risque pour un enfant de perdre la vie est 82 % plus grand que lorsqu’il s’agit d’un véhicule de segment inférieur. [2] 🤦 Et de 44 % pour un adulte, piéton ou cycliste.
Rien d’étonnant ici. Le design de la carrosserie ne tient juste aucun compte de la morphologie humaine.
Avec les SUV, en effet, la hauteur des capots s’est envolée. Passant, entre 2010 et 2024, de 77 à 84 cm sur les voitures vendue en Europe. [3] Et encore ! Les Citroën atteignent en moyenne 92 cm, sans parler des Land Rover ou autres Jeep.
Or ces capots haut et abrupts5 ont de dramatiques inconvénients :
➡️ Plutôt que de heurter les jambes, ils menacent le tronc des adultes et la tête des enfants, exposant les uns comme les autres à un danger vital.
➡️ Touchés au-dessus de leur centre de gravité, les piétons risquent davantage d’être projetés sur la route et de passer sous les roues du SUV.
Faut-il lier l’avènement du SUV avec la stagnation des chiffres de la mortalité sur les routes ces dix dernières années ? Toujours est-il que 2024 aura vu une augmentation du nombre de piétons et de cyclistes décédés (respectivement +4 et +1 %). [4]
Au moins, me direz-vous, le SUV protège ses passagers ! Mais est-ce bien sûr ? Car ici, les experts peinent à s’accorder :
➡️ L’Insurance Institute for Highway Safety nous certifie que, plus c’est gros, et plus c’est sûr. Lors d’un choc, le véhicule le plus léger est de fait repoussé par le véhicule le plus lourd. Une force moindre s’exerce donc sur les passagers de ce dernier.
Quand, ajoutent-ils, la taille de la voiture augmente, la distance entre le point d’impact et l’occupant s’accroît en proportion. 💥 La tôle peut alors se froisser sur une plus longue distance et absorber davantage d’énergie. [5]
➡️ Au contraire, David Logan, chercheur à la Monash University, nous explique que, en raison d’une structure plus rigide, les SUV ne tirent pas parti de cet espace additionnel.
Le débat scientifique semble encore ouvert… comme la liste des nuisances à rapporter aux SUV. Congestion du trafic, encombrement des espaces de stationnement, responsabilité éminente dans la spectaculaire montée en gamme du secteur automobile (je vous en parlais il y a peu) et, enfin et surtout, pollution massive.
Le bon sens et la sobriété ont encore un peu de chemin ! 🙄
Sources :
1. caroom.fr
2. lshtm.ac.uk
5. drive.com.au


