Cinq ou six chiffres qui en disent long… Pour estimer son état et établir sa valeur, le kilométrage d’un véhicule est une donnée essentielle. 🧐 C’est aussi hélas l’objet de fraudes massives, lors de l’achat de VO en provenance de l’étranger.
Du très lourd 🏋️
Un rapport commandé par le Parlement européen a permis en 2017 de prendre la mesure du phénomène [1]. Il insistait notamment sur l’écart entre ventes de VO au niveau national et ventes transfrontalières. Avec des manipulations estimées respectivement à environ 10 % des cas d’un côté et 30 à 50 % des cas de l’autre 🤦♂️. Les auteurs évaluaient le préjudice annuel entre 5,6 et 9,6 milliards d’euros pour l’ensemble de l’UE.
À la trace 👣
Et le rapport de préconiser la mise en place de bases de données – sur le modèle du Car-Pass belge, qui donnait dès 2006 accès à l’historique des véhicules. HistoVec, lancé par le ministère de l’Intérieur, fournit depuis 2021 un tel outil 👨💻.
Connaître les kilométrages successifs lors des contrôles techniques et des changements de propriétaire est en effet un moyen privilégié de détecter des anomalies.
Trou dans la raquette 🎾
Mais rien d’équivalent n’existe à l’échelle européenne. Du coup, il suffit de traverser une frontière… et l’historique 🧙♂️ fait place à une page vierge. Une brèche dans laquelle les fraudeurs s’engouffrent allègrement.
D’après une étude menée par CarVertical en 2023 [2], la proportion de VO au compteur trafiqué passerait de 3,7 % pour les voitures achetées en France à 10,4 % pour les véhicules importés. Les BMW en provenance d’Allemagne occupant les premières places du classement.
Pourquoi ça marche 😈
Trois facteurs favorisent le succès de cette arnaque :
1️⃣ Elle est simple techniquement. L’Argus en avait fait la démonstration il y a quelques années (un boîtier acheté 100 euros sur le Web et 20 bonnes secondes de travail… [3]).
2️⃣ Elle est difficile à détecter. Les éléments censés garder en mémoire le kilométrage (calculateur d’ABS, clé de contact) peuvent aussi faire l’objet d’un « nettoyage ».
3️⃣ Elle est largement sous-estimée. D’après une enquête Odopass, 70 % des personnes interrogées n’ont pas conscience de ce risque [4].
Or il est clair que, dans un marché où les marchandises circulent sans restriction et à une époque où l’information est facilement accessible, les prix tendent à s’harmoniser d’un pays à l’autre. La persistance d’écarts importants doit poser question.
En outre, ce sont parfois les assureurs qui se retrouvent in fine à assumer une partie de la facture :
➡ via les escrocs ou les acheteurs désabusés qui vont, les uns pour réaliser une plus-value, les autres pour se débarrasser d’un VO payé trop cher, faire une fausse déclaration de vol 🤥 ;
➡ via les problèmes de sécurité que posent ces véhicules, dont certaines pièces ne sont pas remplacées à temps.
Sources :
3. largus.fr