Fin de l’automobile : attention, sujet sensible !
- Mathieu MILLET
- il y a 1 jour
- 2 min de lecture

« C’est juste une question de temps… » ⏳ Invité à se prononcer sur une hypothétique sortie de la voiture, Jean-Marc Jancovici ne pensait sans doute pas s’attirer des réactions aussi véhémentes.
Pendant cette interview sur BFM début juin, le fondateur du ShiftProject avait fait valoir la gravité de la crise énergétique. Soulignant la difficulté à « conserver des véhicules d’une tonne et demie par personne, avec une énergie pas chère, dans un monde dans lequel il n’y aura plus de pétrole, plus de gaz et plus de charbon ». [1]
Le plus sage serait donc de s’y préparer dès à présent, de façon concertée, avant d’être « rattrapé par la patrouille ».
Le jour même, Pierre Chasseray, Délégué général de l'association 40 MILLIONS D'AUTOMOBILISTES dégainait sa plume pour riposter. 🤺 Et ce qui frappe immédiatement dans cette réponse, c’est sa dimension profondément affective. [2]
Car il y aurait sans doute matière à questionner les arguments de M. Jancovici sur le fond. À quelle échéance la raréfaction des ressources pétrolières remettra-t-elle en cause le modèle dans son ensemble ? Dans quelle mesure d’autres politiques publiques et d’autres orientations industrielles pourraient-elles apporter des éléments de solution ?
Non, pour M. Chasseray et, je suppose, pour nombre de nos concitoyens dont il se fait le porte-voix, parler de fin de l’automobile, c’est ni plus ni moins s’attaquer à ce qu’ils sont. 😠
Voilà pourquoi cette lettre ouverte s’évertue surtout à revenir aux situations concrètes (les bus qui font défaut, les voitures hors d’âge qui doivent continuer à rouler…), pour illustrer à quel point la possession d’une voiture est une question de survie dans la « France périphérique ».
L’automobile, en effet, a remodelé depuis des générations nos territoires et nos façons de les habiter. Tant qu’elle restera socialement la norme (rappelons, par exemple, que France Travail classe parmi les offres raisonnables celles qui impliquent des trajets de 30 km [3]), les individus qui en sont privés se trouveront frappés d’une sorte de handicap.
Cette polémique, et l’incompréhension qu’elle révèle entre les deux points de vue, témoigne en tout cas d’un attachement viscéral à l’automobile. 🚗 Non pas tellement à l’objet en lui-même, mais aux possibilités sans pareilles de mobilité individuelle qu’il représente. La voiture, c’étaient en 2022 plus de 80 % des kilomètres parcourus à bord d’un véhicule motorisé et, bien souvent, le seul moyen de transport disponible. [4]
Matthew Crawford, philosophe et mécanicien américain, revenait dans « Prendre la route » sur les Gilets jaunes. Et jugeait significatif le fait que ce soient justement des mesures portant sur la mobilité qui aient déclenché une « agitation politique de masse d'une ampleur que la France n'avait pas connue dans l'après-guerre ».
Sources :