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Voiture autonome (épisode 2) : vers des sinistres ingérables ?

Un homme stressé en chemise et cravate regarde un ordinateur dans un bureau avec des papiers empilés. Fond de bureau flou.

Sinistre classique : deux véhicules s’entrechoquent et reste à établir le degré de responsabilité de chacun des conducteurs. Un peu trop basique, me direz-vous. 🙄 Mais patience, car une nouvelle génération d’accidents pointe le bout de son nez.



Par un soir d’avril 2019, un habitant de Floride rentre du travail au volant d’une Tesla Model S, son Autopilot activé. Alors qu’il est obnubilé par l’échange téléphonique en cours, son mobile lui échappe, il se baisse pour le ramasser, quitte la route et heurte une jeune femme et son petit ami.


Revenant sur son état d’esprit au moment des événements, l’accusé a expliqué devant le jury qu’il s’était attendu à ce que l’Autopilot vienne à son secours s’il commettait une erreur. 🦸‍♀️ Les avocats des victimes ont renchéri, reprochant à Tesla :


➡️ d'avoir par son marketing surfait les capacités de son système ;

➡️ de ne pas avoir mis en place les garde-fous utiles pour maintenir l’attention des automobilistes.



Bilan, Tesla a été reconnu coupable à 33 % et sommé de verser 243 millions de dollars. [1]



Ce jugement, très médiatisé aux USA, pourrait bien préfigurer ce qui nous attend. À savoir des sinistres où il faudra départager les responsabilités entre conducteur et constructeur. Et pour lesquels, comme lors des crashs d’avion, il sera crucial de « faire parler la boîte noire ».


Et rien, à dire vrai, ne nous prépare à cela. Car sans faire de procès d’intention aux constructeurs, on les sait, depuis le Dieselgate, capables de manipuler les chiffres. 🧑‍💻 Dans le procès évoqué plus haut, c’est l’expert recruté par l’accusé qui a pu extraire les données du véhicule. Des données que Tesla avait mystérieusement perdues… [2] 


D’ici à ce que le législateur pose un cadre qui garantisse l’intégrité et la traçabilité de ces informations indispensables au règlement des sinistres, les assureurs auront le temps de s’arracher quelques touffes de cheveux.



Certes ces difficultés pourraient n’être que transitoires et se dissiper avec la diffusion de véhicules pleinement autonomes. Une nouvelle donne susceptible, d’après certaines analyses, d’accroître la rentabilité du métier d’assureur [3].



J’y vois pour ma part la possibilité de répercussions vertigineuses. Car jusqu’à présent le risque s’est toujours réparti entre des millions d’automobilistes. On sait que, dans l’année, l’un ou l’autre va commettre une erreur et ce sont les cotisations de tous qui permettront de réparer. 🤝 


Mais que devient la mutualisation du risque lorsque tout repose sur une poignée d’acteurs - à savoir quelques entreprises impliquées dans la fabrication des voitures autonomes ? 


Imaginez par exemple une mise à jour logiciel qui provoque des accidents en série. Ce risque est-il couvrable ? La réponse, au vu de l’affaire Takata, est non, me semble-t-il. La société japonaise, en effet, n’a pas survécu…




Sources :

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