Objectif zéro mort sur les routes Le bon combat ?
- Mathieu MILLET
- 5 juin
- 2 min de lecture

En 2024, la route faisait 3 190 victimes. C’est beaucoup moins qu’il y a quelques décennies et c’est encore beaucoup. 🤷 Mais, dans le fond, que faut-il penser d’un tel chiffre ? Y a-t-il un nombre de tués que l’on pourrait juger « raisonnable » ?
Non, répondent les partisans de la Vision Zéro, pour qui le calcul bénéfice-risque – la société consent à mettre en jeu la vie de quelques-uns en contrepartie des immenses avantages qu’elle tire du transport motorisé – n’est pas acceptable en l’espèce.
Ce projet d’éradiquer la mortalité routière est à l’origine du principe dit du « système sûr ». 🛡️ Une approche scientifique et globale de la sécurité routière, qui s’appuie en premier lieu sur la biomécanique, afin d’établir l’intensité de choc que peut tolérer le corps humain. [1]
Pour éviter ces atteintes mortelles, le système sûr intervient ensuite à un triple niveau :
1️⃣ Avec des infrastructures mieux conçues, autour notamment du concept de « route clémente ». On admet que l’automobiliste est faillible, le tout est que ses erreurs ne soient pas fatales. D’où par exemple la création de chicanes ou la pose de séparateurs entre les voies afin d’empêcher les chocs frontaux.
2️⃣ Des véhicules équipés de technologies de sécurité toujours plus avancées.
3️⃣ Des dispositifs visant à modifier les comportements des usagers. En ce qui concerne les contrôles et la répression des excès de vitesse, de l’alcoolémie, etc.
L’amélioration des secours portés aux victimes (réduction des temps d’intervention, etc.) complète ces axes de travail.
Au départ, cette Vision Zéro a été portée, dès la fin des années 90, par la Suède. Le nombre de décès y est passé de 541 en 1997 à 220 en 2022. 📉
Inspirée par ces succès, l’UE s’est donné en 2020 de très grandes ambitions : plus aucun mort sur les routes à horizon 2050. Un objectif louable, mais un choix politique qui interroge.
D’abord parce que le coût financier serait énorme. À l’heure où la France, faute d’investissements, subit, comme l’indiquait en 2022 la Cour des comptes [2], une dégradation rapide de son réseau routier. À l’heure aussi où les ADAS devenues réglementaires plombent le prix des voitures d’entrée de gamme.
Et puis, il convient de mettre les chiffres en perspective. Les données qui suivent datent de 2013, mais cela fournit des ordres de grandeur. Cette année-là, les accidents de transport avaient fait 3 157 victimes. Autrement dit, 0,55 % de la mortalité générale et deux fois moins que les décès consécutifs à une chute accidentelle… [3] 🤔
Diminuer la mortalité sur les routes reste un objectif parfaitement noble. Pas sûr, pour autant, que la société doive et puisse y consacrer des moyens démesurés.
Sources :
2. ccomptes.fr