Pertes totales : Pourquoi y en a-t-il toujours plus !
- Mathieu MILLET
- 15 mai
- 2 min de lecture

Depuis plusieurs années s’observe aux États-Unis une recrudescence des pertes totales (PT). En 2023, 27 % des véhicules ayant subi une collision en sont ressortis avec le statut d’épave. 💥🚗 Ils n’étaient que 18 % cinq ans plus tôt. [1]
Or le classement d’un véhicule en PT est une décision d’ordre économique : le montant estimé des réparations excède-t-il ou non la valeur de la voiture ? Pour comprendre les causes de cette « épidémie », il convient donc de se pencher sur les différents paramètres impliqués dans ce calcul.
La forte augmentation des frais de réparation s’impose comme premier élément de réponse. Des pièces plus chères et plus fragiles, des interventions plus longues et plus techniques – ces aspects sont bien connus. 👩🏫
Ajoutons aussi que, suite à un sinistre, une liste croissante d’équipements technologiques de sécurité exigent un recalibrage, ce qui gonfle la facture. Paradoxe des ADAS, qui sauvent des vies… mais condamnent des voitures.
On pourrait penser au contraire que la hausse des prix constatée aux USA sur les marchés du neuf et de l’occasion diminuerait la fréquence des PT. Plus une voiture est chère, en effet, et plus il est rentable de se lancer dans de grosses réparations.
Sauf que, comme l’analyse Daniel Brookman, expert pour LUCTF, cette évolution des prix est moins rapide que celle du coût des réparations. [3]
Par contre, cette hausse a pour effet de ralentir le renouvellement du parc. L’âge moyen des voitures US est ainsi passé de 9 ans et demi en 2002 à 12 ans et demi en 2024. 🧓
Ce qui, toutes choses égales par ailleurs, abaisse la valeur moyenne des véhicules tout en accroissant la fréquence des sinistres. Pour, à la fin, toujours plus de PT.
Jeff Liaw, PDG de COPART, associe quant à lui l’augmentation record des PT traités par son entreprise l’an passé (+22,2 %) aux événements climatiques qui ont frappé le pays. 🌪 [4]
Dans ce contexte, où tout semble mener les voitures sur la touche, un facteur pourrait jouer en sens inverse. COPART, justement, leader mondial des enchères automobiles et qui fait son beurre du flot de PT qu’il voit passer, s’inquiète de la multiplication des véhicules non assurés. Des véhicules qui, en cas d’accident grave, échappent aux « circuits officiels ».
Soulignons ici que, circuits officiels ou pas (voir notre article sur le trafic d’épaves), le classement en PT débouche bien souvent sur une remise à la route. Dans une sorte de jeu de dupe : c’est trop compliqué, trop coûteux à réparer… mais on finit quand même par trouver une solution. 🛣️
J’en viens pour conclure à la situation en France, où il n’est pas aisé de trouver des statistiques concernant les PT. On remarque tout de même que, à biien des égards, le contexte américain se rapproche du nôtre. Avec, on peut l'imaginer, les mêmes conséquences.
Sources :
1. axios.com
3. stolly.com