Prix des voitures neuves : L’irrésistible montée en gamme ?
- Mathieu MILLET
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture

Cela s’appelle un démenti cinglant ! 😅 Dans une interview donnée au Figaro début mai, John Elkann et Luca de Meo avaient tiré sur l’UE, lui imputant les hausses des prix des voitures et l’atonie du marché qui en découle. [1]
Argument un peu court, nous disent en substance Jean-philippe Hermine et Clément Dupont-Roc, auteurs d’un rapport pour l’Institut Mobilités en Transition. [2]
Depuis 2019, l’augmentation du prix moyen des voitures neuves en France est flagrante : +24 %, soit 6 800 euros. 📈 Dans le même temps, les ventes annuelles à l’échelle du continent sont passées de 18 à 15 millions d’unités. Le marché est tout bonnement devenu inaccessible aux ménages les moins aisés.
Le phénomène est assez complexe, et ce rapport a le mérite d’en démêler les fils. Les auteurs sont en effet parvenus à distinguer trois grands types de facteurs et à mesurer leurs parts respectives.
1️⃣ Des causes subies
Le contexte inflationniste (matières premières, énergie, main-d’œuvre) compte pour seulement un quart de l’augmentation.
2️⃣ Des causes hybrides
Des contraintes d’ordre politique s’imposent aux constructeurs – c’est indéniable. Mais la façon de s’y conformer, nous rappellent les deux auteurs, relève souvent d’un choix. Par exemple, quand l’UE pousse, à travers les normes CAFE, à l’électrification de l’offre, plusieurs stratégies sont possibles.
Si l’on prend le cas de Renault, on voit comment le retrait précoce de la Zoé a permis de favoriser les segments supérieurs, et de vendre des VE à plus forte valeur ajoutée. 🤑
Toutes les réglementations n’ont donc pas forcément de répercussion mécanique sur les prix. Et cela ne représente du reste qu’un quart, là aussi, de l’augmentation.
3️⃣ Des causes choisies
On entre ici dans le vif du sujet. Les constructeurs, de fait, ont bien pris le parti de la montée en gamme. C’est-à-dire ont réorienté leur offre vers des voitures plus onéreuses.
Une stratégie assumée et payante. Le même Luca De Meo expliquait en 2022 comment le groupe s’était enrichi… tout en réduisant ses volumes de 30 %. [3] L’étude de l’IMT a ainsi calculé qu’en revenant simplement au « mix segment » des années 2010, le prix moyen des autos baisserait de 2000 euros.
A cela s’ajoute la politique de « pricing power ». 💪 Elle concerne les marques qui ont profité de leur position pour, à prestation égale, monter leurs prix sans perdre de clients. Une pratique responsable, d’après le rapport, de 17 % de la hausse.
Ces analyses rendent bien compte de la déconnexion entre le prix que sont prêts à payer les automobilistes et la proposition de valeur en face. On comprend dans ces conditions que le marché soit en berne…
Un retour à l'essentiel permettrait sûrement de relancer la machine et de se réconcilier une partie des consommateurs. 🤝 Les VE chinois sont, pour leur part, prêts à investir le créneau.
Sources :
1. lefigaro.fr
3. lemonde.fr