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Vitrage 2.0 : l’innovation à tout prix ?

Affichage tête haute dans une voiture, indiquant 104 km/h, 83 km restants. Route floue au crépuscule avec voitures et lumières.

Il fut un temps où le premier enjeu autour des bris de glace concernait le risque de coupure dû aux éclats de verre… [1] 🤕 Quelques centaines de brevets plus tard, le vitrage auto s’est mué en objet de très haute technologie, plaçant la question des réparations au cœur des préoccupations.

Le SRA a en effet montré comment la charge des sinistres bris de glace a explosé dans la dernière décennie (près de 65 % d’augmentation entre 2014 et 2023). Si l’inflation générale (prix du verre, du transport, etc.) et les coûts d’intervention (tarif de la main-d’œuvre, recalibrage de la caméra) ont joué, les innovations récentes comptent aussi pour beaucoup. [2]


Car, après les optiques et les éléments de signature lumineuse, le vitrage s’affirme à son tour comme un facteur de différenciation :


➡️ avec des toits intelligents qui modulent l’exposition à la lumière solaire et permettent de limiter les besoins en chauffage et climatisation ;

➡️ avec des pare-brise à affichage tête haute, qui projettent les données de conduite dans le champ de vision de l’automobiliste ;

➡️ avec enfin la présence de capteurs installés à même le verre.

Courantes sur les modèles haut de gamme, ces technologies devraient se diffuser, et alourdir encore la facture. Sachant que la hausse du prix moyen des pare-brise a déjà atteint les 25 % ces trois dernières années.


En fait, c’est toujours un peu le même cas de figure. Les fabricants, pour créer de la valeur, promeuvent confort, esthétique ou sécurité (et visent juste, puisque les clients suivent !). 😎 Or ces mêmes équipements qui séduisent au moment de l’achat finissent par poser problème en matière de réparabilité. On ne peut pas de toute façon – c’était déjà au centre de mon précédent post – gagner sur tous les tableaux.


Mais une chose est singulière ici. C’est que ce choix de mettre à la route des véhicules présentant des coûts cachés ultérieurs se fait au bénéfice des constructeurs, eux qui essaient dans un contexte difficile de générer de la marge là où ils le peuvent. Tandis que la charge des réparations est supportée en grande partie par les assureurs.


Est-ce qu’il n’y a pas alors fondamentalement un problème avec l’innovation et un besoin urgent de limiter la technicité pour maîtriser les coûts ? Je ne le crois pas, et cela pour deux raisons.


1️⃣ Historiquement, les logiques d’industrialisation et de volume ont chaque fois permis d’absorber à terme le prix de l’innovation.

2️⃣ La réparabilité d’un élément repose pour beaucoup sur la volonté du constructeur. J’en veux pour preuve une étude récente portant sur le gigacasting.


Cette technologie de moulage des châssis d’un seul tenant avait fait craindre une captation unilatérale de la valeur par les constructeurs. Or, d’après Thatcham Research, certains d’entre eux ont fait l’effort d’anticiper les procédures de réparations (accessibilité, conception de pièces sacrifiables). [3]


Certes, l’arrivée de châssis issus du gigacasting va poser quelques problèmes d’adaptation pour la filière réparation (soudure sur des aluminiums spéciaux, travail sur des pièces de très grande taille, identification de dommages inaccessibles à l’œil). Mais on évitera peut-être, si les constructeurs jouent le jeu, le désastre annoncé. 😮‍💨




Sources :

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