Voiture autonome (épisode 1) : révolution technologique cherche débouchés commerciaux
- Mathieu MILLET
- 18 sept.
- 2 min de lecture

Cela fait un moment que la promesse de voitures sans conducteur travaille nos imaginaires. 💭 Et il y a belle lurette déjà que les ingénieurs s’en préoccupent : les premiers essais remontent aux années 70 et 80. [1]
Nous voilà aujourd’hui à l’heure où les constructeurs s’évertuent à donner une traduction industrielle à ce déjà vieux projet. Dans une émulation fort dispendieuse et aux résultats si incertains que l’on peut s’interroger sur les véritables ressorts.
J’en pointerai trois :
1️⃣ D’abord, un défi d’ingénieur – rendre possible ce qui semblait hors de portée, et s’attirer au passage tout le prestige qui va aux précurseurs.
2️⃣ Ensuite, la création à moyen terme de nouveaux débouchés commerciaux, liés à des usages bien circonscrits (logistique, agriculture, taxis).
3️⃣ Enfin, la satisfaction des attentes de la société en matière de sécurité routière.
Quant à l’appétence des clients pour ce type de technologie, rien ne semble gagné dans l’immédiat.
Une étude de McKinsey datant de 2023 soulignait :
➡️ un intérêt appuyé des automobilistes pour les technologies améliorant leur sécurité ;
➡️ une certaine méfiance à l’égard des véhicules pleinement autonomes. Seules 19 % des personnes interrogées se disant disposées à acheter une voiture dépourvue de commandes manuelles. [2]
Une autre étude de S&P Global insiste sur ce même blocage psychologique. [3] L’idée d’être mieux protégé nous séduit, celle d’être supplanté nous rebute. Les gros titres sur les accidents causés par les systèmes autonomes et le sentiment d’opacité qui entoure ces technologies ne sont certes pas faits pour dissiper nos réticences…
Alors, stop ou encore ?
Le journaliste auto Michael Wayland a forgé l’expression de « capital junkie » pour parler des constructeurs. Et rappelé que leur frénésie d’investissements a entraîné une hausse globale de 33 % des budgets R&D ces 10 dernière années. [4]
Vaut-il mieux s’entêter tandis que le retour sur investissement peine à se dessiner ? 🦾 Et lancer sur le marché des technologies dont les défaillances, toujours possibles, se payent très cher (j’y reviendrai la semaine prochaine) ?Vaut-il mieux, comme Stellantis, quitter la partie et voir son image écornée ?
Plus largement se pose le problème de la congruence entre enjeux technologiques et enjeux économiques. Que nous parvenions un jour, à coups de milliards, à mettre sur la route des voitures autonomes répondant à nos exigences, cela est probable. Est-ce que pour autant les consommateurs et le reste de l’écosystème en feront un nouveau standard commercial ?
Rappelons-nous le destin du Concorde – merveille d’innovation, qui vous faisait rallier New-York en 3 heures 30. 🧑✈️50 plus tard, c'est plutôt 8 heures qu'il vous faudra compter. Pourquoi ? Parce que, entre gagner du temps et payer cinq fois plus cher, les clients ont tranché. Construire n’est pas vendre…
Sources :
1. bymycar.fr
2. mckinsey.com
3. spglobal.com
4. cnbc.com