Assurance des VE : les (rudes) leçons du laboratoire chinois
- Mathieu MILLET
- il y a 16 heures
- 2 min de lecture

L’automobile a connu plus de chamboulements en quelques années qu’il n’y en avait eu pendant des décennies. 🪄 Avec l’électrification, les ADAS ou la voiture connectée, ce sont autant de nouveaux paradigmes qui se sont imposés à une vitesse fulgurante.
Les échos qui nous arrivent de Chine suggèrent que cela ne se fait pas sans heurt. [1] Dans un marché en forte croissance, les assureurs de VE enregistrent en effet des pertes importantes : 802 milliards de dollars en 2024. Le ratio combiné s’établissant à 107 %, contre par exemple 100,3 % en France. [2] 📉
Les causes sont multiples (brusques accélérations, fragilité des batteries, etc.), et j’en avais déjà traité en mai, dans un post qui abordait les ambitions des constructeurs chinois sur le secteur de l’assurance.
Or la riposte tarifaire semble impuissante à compenser ces surcoûts. De fait, les primes des VE se situent déjà 20 à 100 % au-dessus de la moyenne. Mais le pricing est encore « tâtonnant ». [3] 🙈
Confrontés au foisonnement des marques et des modèles, les assureurs peinent, faute de recul, à évaluer précisément les risques. Un flou aggravé par le grand nombre de VTC qui sillonnent les villes du matin au soir, sans souscrire de police ad hoc. Tant et si bien que certaines compagnies se sont tout simplement désengagées du segment VE.
La question se pose alors des leçons que nous pouvons tirer du « laboratoire » chinois. J’aurai plusieurs remarques.
Là-bas comme ici, l’assurabilité des VE est en dernière instance un enjeu politique. Pour concrétiser leurs ambitions d’électrification du parc, les pouvoirs publics peuvent déployer deux types de stratégies :
➡️ contraindre les assureurs. Ce qui se traduit en Chine par un encadrement des prix et l’obligation faite au secteur de satisfaire toutes les demandes déposées sur une plateforme, « Easy to Insure », créée à l’instigation des autorités ;
➡️ agir au contraire dans leur sens en pesant sur le reste de l’écosystème.
L’administration chinoise cherche ainsi à mettre la pression aussi bien sur les constructeurs (notamment pour qu’ils ouvrent aux assureurs l’accès à leurs datas) que sur la filière réparation.
Ces quelques mesures ciblées pourraient permettre un retour à la normale. Mais rien n'exclut que cette période troublée se prolonge et entraîne des défaillances. 🕳️
On voit en Chine que les trois leaders, qui comptent pour 65 % du marché, sont en train de redresser la barre. À la fois parce qu’ils ont pu investir dans les meilleurs outils de pricing, et parce que leur solidité, qui tient également à leur présence historique sur le segment thermique, permet de supporter quelques mauvaises années. Mais quid des acteurs moins robustes ?
Quant à savoir ce que provoquera sur le marché européen la diffusion du VE, cela reste encore difficile à dire. Mais une chose est sûre : il est déjà temps de s’y préparer. 👀
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