« Bonne pour la casse. » 💥🚗 On a coutume de désigner l’état (fâcheux) d’une voiture par le lieu qui est censé l'accueillir en fin de parcours. Sauf que, en réalité, la moitié de nos « épaves » connaissent un tout autre destin.
En France, on le sait, les véhicules considérés comme économiquement ou techniquement irréparables sont rachetés par les assureurs, avant que des recycleurs agréés les rachètent à leur tour.
Mais la déconstruction ne concerne en fait que la moitié des épaves. Les autres sont revendues, surtout à l’étranger, et, d’irréparables… deviennent réparées. 🪄 Bénéficiant du faible coût de la main-d’œuvre et d’une réglementation moins contraignante.
Oui, mais voilà, il arrive que, après cette cure de jouvence au rabais, ce qui avait été exporté comme épave revienne sur le marché français nimbé d’une parfaite virginité administrative. 📜 Le double passage de frontière et la nouvelle immatriculation qui en résulte ne laissent en effet aucune trace dans le SIV.
Alors, on peut, certes, pour s’assurer que la voiture que l’on achète n’a pas été à un moment classée VGE, recourir à des services privés qui croisent les fichiers de différents pays. Mais sans garantie absolue.
On fait donc face à deux problèmes :
1️⃣ On accueille des voitures réparées selon des standards non maîtrisés et potentiellement dangereuses.
2️⃣ Préférer l’export au recyclage se fait au détriment de l’économie circulaire et de l’intérêt environnemental.
Rien n’interdit pourtant aux recycleurs de vendre à l’étranger, ni à quiconque d’importer des voitures. Et si cela se pratique dans de telles proportions, c’est que la filière en a besoin pour être rentable.
Il y a, à cela, de multiples raisons :
➡️ le coût élevé de la main-d’œuvre en France ;
➡️ la complexité logistique et l’immobilisation financière liées à la déconstruction ;
➡️ une demande et des prix de vente des pièces d’occasion parfois insuffisants…
Quel est, dans tout ça, le rôle des assureurs ?
Notons que ceux-ci ont deux possibilités pour revendre un véhicule accidenté : ➡️ le système de convention, qui détermine le prix a priori d’après un pourcentage de la VRADE ;
➡️ le jeu des enchères.
Or avec les enchères, les tarifs tendent à être plus élevés, notamment parce que les prix de marché s’établissent selon une logique d’export. Et plus c’est cher, et moins le recyclage sera favorisé. ⚖️ Le comportement des assureurs, tiraillés entre performances économiques et considérations sociales et environnementales, pèse donc.
Cela pourrait toutefois s’infléchir :
1️⃣ avec la REP, qui vient encadrer les taux de recyclage des véhicules ;
2️⃣ avec la norme CSRD, qui scrute les implications écologiques de l’ensemble des activités des assureurs, directes comme indirectes ;
3️⃣ avec la refonte en cours du SIV , qui pourrait le rendre moins « amnésique » qu’aujourd’hui.
Des raisons d’espérer, à terme, un marché plus transparent.