top of page

Pièces de rechange : vers un nouveau monopole des constructeurs ?

Voiture blanche BMW i4 avec cadenas géant sur le capot. Garage avec logos Mercedes et Audi. Atmosphère contrastée.

En maîtres du suspense, les Alfred Hitchcock de la Commission européenne continuent dans leur style si caractéristique. 😬 Le prochain revirement pourrait cette fois-ci concerner la question ultra tendue du marché des pièces de rechange.


Et plus précisément le règlement 2018/858, qui énonce les conditions d’homologation des pièces présentant un enjeu en termes de sécurité ou de pollution. Ce texte donne pour l’instant la possibilité aux équipementiers de soumettre directement leurs produits aux « autorités compétentes en matière de réception » et de pouvoir ensuite les mettre sur le marché.



Comme le fait remarquer le journaliste Fabio Crocco, ce dispositif a tout pour lui : il garantit la concurrence sans rien céder sur la qualité. [1] Un peu trop beau pour durer ?


Peut-être, car M. Crocco nous explique aussi qu’on planche à Bruxelles sur un amendement qui changerait tout :


➡️ avec l’extension de ces règles à une liste élargie d’éléments (batterie de traction, ADAS, pièces concernées par la norme Euro 7) ;

➡️ avec un accès exclusif des constructeurs aux instances d’homologation ;

➡️ avec un droit de poser les pièces réservé aux seuls ateliers agréés.



Donc, en gros, si le pire scénario se concrétise, les constructeurs s’apprêtent à remettre la main sur une énorme part du gâteau de l’après-vente. Établir un monopole sur toute une partie des pièces et des travaux de réparation – voilà bien une recette éprouvée pour favoriser la concurrence !


Les consommateurs peuvent évidemment s’en réjouir.🤦 Rappelons par exemple comment l’exemption consentie par l’UE aux constructeurs français a pesé sur le prix des pièces visibles. Début 2024, la FEDA estimait que leur libéralisation, telle qu’elle se pratique dans les pays voisins, pourrait faire baisser de 17,5 % la note chez le carrossier… [2]



Outre le fait qu’il pourrait léser automobilistes et assureurs, ce projet d’amendement est à l'image de ce qui a cours depuis quelques années dans le secteur. 👀


La prolifération des normes prive de fait l'ensemble de l'écosystème de toute lisibilité, et jette le grand public dans le brouillard le plus épais. Pas étonnant que l'attentisme règne, notamment lorsqu’il est question de passer à l’électrique.



Dès 2003, Vaclav Havel brocardait ce funeste penchant, dénonçant une « Europe qui croule sous le poids de la technocratie, des normes réglementaires et des procédures administratives, au point d’en oublier l’essentiel : le sens du processus de réunification ».


Une citation que je prolongerai par une autre, due cette fois à Milton Friedman : « Lorsque le gouvernement, animé de bonnes intentions, tente de réorganiser l'économie, de légiférer sur la moralité ou d'aider des intérêts particuliers, le prix à payer est l'inefficacité, le manque de motivation et la perte de liberté. »


Souvent, pour servir l’intérêt public, il suffit juste de ficher la paix au public. 😉




Sources :

bottom of page