« Votre assurance auto a pris 73 %. Votez Trump et je diviserai le chiffre par deux ! » Au menu des promesses de campagne 🗳️, la question de l’assurance auto pouvait difficilement manquer. Simple démagogie ou véritable nécessité politique, c’est ce qu’il s’agit d’examiner.
Les primes des conducteurs américains ont explosé, c’est un fait. Depuis janvier 2021, par exemple, date de la prise de fonction de Joe Biden, l’augmentation moyenne frise les 55 %.
Pour ce qui est maintenant des grosses ficelles, précisons qu’un président n’a, aux USA, nullement le pouvoir d’infléchir les tarifs, la réglementation du secteur revenant aux États.🤦♀️En outre, comme le souligne l’économiste Robert Hartwig, de telles mesures auraient pour unique effet de détourner les compagnies d’assurance de la branche auto. [1]
Par ailleurs, ces déclarations tendent à insinuer que ces hausses sont injustifiées et qu’un (présidentiel) coup de pied dans la fourmilière s’imposerait. Alors, le marché de l’assurance est-il vraiment concurrentiel ? Ou ses acteurs peuvent-ils gonfler leurs marges au gré de leur fantaisie ?
Je crois que tout plaide plutôt pour le premier membre de l’alternative :
➡️ Les entreprises qui proposent ce type de produits sont nombreuses - plus de 50 en France et plus de 5000 aux USA ! [2] Et avec beaucoup de nouveaux entrants. Bien loin donc d'un oligopole.
➡️ Le ratio combiné, qui définit le degré de rentabilité de l’activité, atteint péniblement la ligne de flottaison. Dans le cas américain, après un gros dévissage dans la période post-COVID (112,2 % en 2022), le retour au positif intervient seulement cette année (à 98,4 %). [3]
➡️ Enfin, les faillites ne sont pas rares. L’an passé, aux États-Unis, plusieurs compagnies d’assurance centenaires ont ainsi disparu, preuve que les marges ne sont pas si confortables. [4]
En fait, on dirait surtout que, une fois encore, il s’agit pour les candidats de se donner un adversaire contre lequel mener croisade : mon ennemi, c’est la finance, ou les assureurs, ou n’importe quel épouvantail un tant soit peu consistant. 👉
Ce qui, très opportunément, dispense de deux choses :
1️⃣ D’abord, d’analyser les causes profondes du problème. À savoir les facteurs économiques (évolutions de l’industrie automobile et inflation, qui pèse sur le prix des réparations) et sociétaux (multiplication des comportements à risque, des vols et des cas de fraudes).
2️⃣ Ensuite de considérer la manière dont l’action publique pourrait réellement améliorer les choses. Car sans vouloir se faire l’avocat des assureurs, on peut juger que leur métier est plus complexe que jamais (changement climatique, cyberattaques, etc.).
Et que donc le politique serait bien avisé de prendre des mesures qui, loin de le stigmatiser, renforcent un secteur essentiel pour permettre aux sociétés de mieux encaisser les chocs. 🏋️
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